A propos des mains

Hommage et réflexion

Cette main si bien comprise par Rodin, cette main, maîtresse de l'archet du violoniste, celle que, par son talent, le chirurgien fait renaître, ou qui devient le pinceau de l'artiste et qui, par vanité peut-être, se peint elle-même... Cette main, qu'elle soit maîtrisée ou spontanée, qu'elle soit gauche ou droite, que la droite soit gauche ou adroite, que la droite soit maladroite alors que la gauche est adroite, peu importe : toutes deux sont peut-être adroites ou maladroites ?

Cette main exprime, elle est l'outil de l'homme; par un chemin plus subtil, elle s'exprime par la prière. Cette main, par sa douceur réconforte, soigne, soulage. Par son assurance, elle sert de guide. Cette main qui, parfois secrète, dissimule, celle qui vole, celle qui punit, mais heureusement aussi celle qui caresse; ... et quand ça gratouille ou ça chatouille, quel bonheur lorsqu'elle arrive à détecter ou à atteindre l'endroit exact du dos... que ce soit la sienne ou celle à qui on peut demander cet intime service.

Cette main dans laquelle s'impriment nos passés ainsi que nos devenirs, cette main qui transpire à la moindre émotion, celle qui trahit ce que l'on voudrait tant cacher, celle qui sauve, celle qui tue… celle qui pardonne, celle qui bénit.

Cette main qui donne ou qui prend, celle qui supplie ou remercie ; enfin cette main qui me fascine tant… celle qui si souvent a été ma muse… cet instrument si performant, si complexe, mérite mon hommage. Que ce soit force, protection, douceur, virilité, énergie, tendresse, ces mains ont été à la fois mes complices et mes inspiratrices. Et c'est ainsi que je dédie à la main toutes mes réflexions ainsi que tout ce que j'ai ressenti en la peignant.

Elles justifient ainsi toute la foi que j'ai en cette prodigieuse mécanique, laquelle continue à me porter et me transporte encore au travers de ma propre main qui ne se lasse pas de la peindre.

J'ai écrit ce texte à la demande d'un chirurgien de la main , lequel a acheté une de mes toiles qui ne représente que des mains. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il me répond : "Je vois constamment des mains malades, alors que les vôtres sont pleines d'énergie". "Alors, ne pensez-vous pas qu'il conviendrait également d'écrire un texte à leur sujet ?" Et c'est ce que j'ai fait.

 

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