Comme son nom l’indique, il s’agit de
deux toiles travaillées en un seul sujet, toiles généralement
montées sur charnières, donc mobiles, s’adaptant ainsi
dans un angle.
Je crois être la seule artiste-peintre «
à habiller » les angles et j’éprouve une réelle
fascination pour ces derniers en les ouvrant tout simplement
par-devers eux, au-delà de la réalité des murs.
- par un sujet travaillé en perspective, utilisant
ainsi la profondeur naturelle de l’angle,
- par un sujet recréant l’horizon à
l’opposé du point de fuite naturel de l’angle, ou
- par un sujet central, le plaçant ainsi au
premier plan et inversant en cela l’angle lui-même.
Je déjoue ainsi la vision usuelle de
l’angle, l’ouvrant tout simplement par différents thèmes
suggérant l’évasion.
Cette nouveauté artistique, très décorative
de surcroît, intrigue, fascine et capte immanquablement l’œil
du spectateur…
- parce que c’est insolite, original et surprenant,
- parce que la 3ème dimension paraît,
- parce que l’on s’évade si bien vers ou par la lumière
intérieure de chaque diptyque au-delà de la réalité
des murs et de ses propres contraintes, et parce que
l’on projette si bien dans ces toiles ses espoirs, ses rêves
et ses propres horizons.
Lorsque l’inconscient devient
conscient...
Réflexions de l’auteur à propos de ses
diptyques d’angle...
L’idée du tableau d’angle date de 1986,
alors que j’étais préoccupée par la décoration de mon
salon, un coin qu’il convenait d’habiller. Et si, au lieu
de créer deux tableaux distincts, j’utilisais l’angle
comme point de fuite en réalisant mon sujet favori, soit une
perspective, sur deux pans, lesquels seraient juxtaposés ? Et
tant qu’à faire pourquoi ne pas adapter les dimensions des
toiles à l’angle en question ainsi que la couleur dominante
à l’ambiance de mon salon ? Sitôt pensé, sitôt essayé
et c’est ainsi que mon premier tableau d’angle est né.
L’effet obtenu répondant à mon attente, je me suis
passionnée pour cette approche insolite et originale des
angles, devenant, après une étude approfondie de la
question, leur “styliste”, les mettant en valeur selon
leur caractéristique propre. Mon exploration de cette
technique nouvelle est loin d’être terminée... j’ai
encore tant à offrir, tant à créer, tant à trouver au
travers de ces angles que l’on cache volontiers derrière
une plante verte ou un meuble approprié.
Ouvrir l’angle d’une pièce par un
paysage suggérant l’évasion me permet immanquablement de
passer au travers des murs, vers d’autres horizons. Je pense
exprimer en cela ma propre quête du devenir et, en
contrariant ainsi la réalité des murs, je défie ma propre réalité,
faisant ainsi la nique à ma destinée socioprofessionnelle de
l’époque.
D’aucuns voient dans mes thèmes et mes
toiles l’expression d’une forte dualité. J’admets
volontiers cette interprétation. D’une part parce que mes
toiles sont doubles, d’autre part parce que mes sujets le
sont pour la plupart également. Par ailleurs, la lumière côtoie
souvent de sombres contrastes, à moins qu’elle ne jaillisse
de couleurs vives. Tout ceci est bien normal puisque mes
diptyques déjouent l’angle en lui-même et son rôle inné
statique, normal encore puisque je suis ambidextre et normal
enfin en raison de la femme d’affaires que j’ai été et
de l’artiste peintre que je suis devenue. Mon rêve, soit de
pouvoir faire de mon dada une profession s’est réalisé et
je rattrape ainsi non rêve.
... et c’est pourquoi je cite volontiers
que “la vie est un bien perdu lorsqu’on n’a pas vécu ce
que l’on aurait voulu”.
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